Jardiner avec Bio Consom’acteurs (en mai)

Nous poursuivons cette nouvelle rubrique pour vous accompagner au jardin (ou au balcon) avec les saisons, et bien sûr en agriculture biologique. Julien Lucy, qui a été maraîcher bio pendant 7 ans en Charente Maritime et désormais salarié de l’association, tâchera de vous aiguiller au mieux au fil des mois. Cette rubrique est ouverte, vos contributions, retours et expériences sont bienvenus !

« En mai fais ce qu’il te plait » ! Au jardin aussi tout est permis et tout est faisable grâce à la longueur des jours et à la douceur des températures. C’est la période la plus propice, tant pour les plantes que pour la motivation du jardinier ! Cependant attention aux  « saints de glace » (au milieu du mois, ce n’est  pas une légende, ces gelées tardives  peuvent détruire vos plantations en une nuit !).

Du 15 avril au 15 juin, la période est la plus favorable pour vos semis, plantations et expériences au jardin, mais n’allez pas trop vite. En fonction de votre situation géographique, vérifiez le risque de gelée, ou mieux attendez la fin des "saints de glace" pour planter sans risque. Ceci-dit, vous pouvez planter et protéger vos cultures (voiles de protection) mais gare à ne pas vous faire surprendre, car vos plants de tomates par exemple ne repartiraient pas.

Avant de commencer les plantations, assurez-vous d’avoir préparé votre sol, votre stratégie et vos espaces. C’est essentiel pour commencer dans de bonnes conditions. Pour vous aider, découvrez ou relisez notre article du mois de mars.

Envoyez-nous aussi vos photos ou vos retours d’expérience !

Voici les photos de Julien Kien, un jardinier modèle ;-) qui a suivi nos conseils depuis le début :

Vous aussi partagez vos jardins en photos !

Quels travaux faire au jardin ou au balcon en mai ?

On se répète, mais c’est essentiel :  « en agriculture biologique, on pense d’abord aux besoins et à la qualité du sol, avant de penser aux besoins des cultures. Un bon sol est un sol en vie ! Gardez à l’esprit que la qualité du sol se manifeste par le nombre de vers de terre, la biodiversité qu’il abrite et son équilibre global, avant même son PH, sa profondeur ou sa constitution. La qualité de votre sol est la médecine préventive de vos cultures. En favorisant la biodiversité et l’équilibre de votre sol, vous créez des conditions favorables pour limiter les maladies et les invasions qui détruiraient vos espoirs de récolte. »

Maintenant que vous avez ce principe en tête, voici ce que vous pouvez faire :

  • Préparez vos sols et surfaces, faites des lasagnes, du compost…

Le sol doit être bien préparé avant de semer, après qu’il soit ressuyé, c’est-à-dire que l’humidité en excès s’est écoulée mais qu’il n’est pas desséché. La terre ne doit pas coller à la bèche. Prenez le temps de bien briser les mottes, d’enlever les pierres et les racines. Pour le reste, reportez-vous à nos articles précédents

  • Surveillez la météo et protégez vos cultures

Protégez les jeunes plants des nuits froides. En cas de fort ensoleillement l’après-midi, ombragez les jeunes semis, les cultures fragiles ou récemment repiquées et arrosez si le temps est trop sec (de préférence le matin tôt, en particulier si les nuits sont encore fraiches). Surveillez vos cultures afin d’agir au plus vite, en cas de problème ou d’attaques de doryphores, de pucerons etc..

  • Enrichissez votre sol !

Vous pouvez répandre avec parcimonie (100g au mètre carré) du compost bien mûr sur toutes les planches destinées aux semis. Vous n’avez pas de compost bien mûr ? Vous pouvez fertiliser votre sol avec des produits utilisables en agriculture biologique ou faits maison (bio) mais attention, trop fertiliser nuirait à votre sol et à l’avenir de vos cultures, soyez prudents et n’ayez pas la main trop lourde.

  • Binez !

Si vous avez des cultures déjà en place, binez les aubergines, l’ail, les betteraves, les blettes, les carottes, les céleris branches, les céleris raves, les choux, les échalotes, les épinard, les fèves, les haricots, les laitues, les navets, les oignons, les poireaux, les pois et même les poivrons !

« Binez », vous avez dit biner ? Vous avez un doute ? Attendez, on vous explique :

Biner consiste à ameublir superficiellement le sol en brisant la croûte qui se forme sous l'effet des pluies et des arrosages. C'est un geste fondamental du jardinage :

  • La terre est plus perméable à l'eau : les végétaux pourront être abreuvés jusqu'aux racines.
  • La terre est plus perméable à l'air, d'où une meilleure santé de la couche superficielle du sol, celle qui abrite les micro-organismes nécessaires à la croissance des plantes.
  • En émiettant la terre, le binage limite l'évaporation de l'humidité contenue dans le sol et, en conséquence, permet de réduire les arrosages, d'où le fameux dicton « un binage vaut deux arrosages ».
  • Au passage, le binage élimine les adventices.

Lorsqu'on bine juste pour éliminer les adventices, sans chercher à ameublir la terre, on parle plutôt de sarclage, qui s'effectue avec un sarcloir.

  • Buttez !

Buttez vos cultures pour les protéger. Le buttage est l'action de créer une petite butte de terre au niveau du pied des plantes potagères. Régulièrement, le jardinier rassemble la terre pour former cette butte protectrice.

Pourquoi butter ?

  • cela permet de conserver un peu de fraîcheur au niveau des racines
  • On butte pour faire blanchir certaines parties des légumes, c'est le cas du poireau par exemple. On prive la partie qui sera consommée de lumière, elle sera alors plus tendre.
  • La butte est aussi un soutien pour certaines branches, afin de soutenir le poids des légumes.
  • Cette couche de terre offre la possibilité de cultiver des plantes qui ne supportent pas l'eau stagnante.
  • Si le plant est isolé, il vous suffit de rapporter un peu de terre en son pied, pour former la butte. S'il s'agit de rangées, créez alors une longue butte en ramenant de la terre des extrémités. Des lignes de buttes et de rigoles vont alors s'alterner. Prenez garde à ne pas abîmer les racines en déplaçant la terre.

Quelques semaines après la mise en place des plants. Attendez qu'ils mesurent environ 10 cm pour commencer à créer le monticule de terre. Puis ajoutez régulièrement de la terre au fur et à mesure qu'ils poussent. Pour les pommes de terre, ajoutez la moitié de la hauteur du plant en terre. S'ils mesurent 20 cm, disposez alors une épaisseur de 10 cm de terre.

Pour butter efficacement, vous pouvez vous munir d'une serfouette ou d'une binette.

  • Paillez !

Si vous avez suivi notre article en avril, vous êtes un pro du paillage. Si ce n’est pas le cas, faites un tour dessus, le paillage est déterminant pour l’avenir de votre jardin. Tout ce qui sera paillé aura un avantage sur la concurrence avec les autres plantes, aura besoin de moins d’eau et verra son sol mieux vivre et travailler.

  • Tuteurez, taillez et éclaircissez 

Vous pouvez commencer à tailler les melons, les tomates et les aubergines si nécessaire. Vous pouvez aussi commencer, si vous êtes en avance et si vous avez la chance de cultiver de belles tomates dans votre potager, à enlever les « gourmands ». Faut-il ou non supprimer les gourmands des plants de tomates ? Il existe deux écoles, c’est un débat sans fin entre jardiniers ! si vous optez pour l’option égourmandage, faites-le tôt et régulièrement afin de ne pas supprimer des branches trop grosses qui blesseraient le pied.

  • Désherbez.. encore !
  • Luttez (contre les escargots et les limaces)

Dans un premier temps, il faut identifier les prédateurs naturels des limaces et escargots et favoriser leur présence : hérissons, orvets, crapauds,  lézards, oiseaux, carabes (notamment le carabe doré) et poules . La plupart de ces petits animaux et insectes ont besoin d'avoir un espace non tondu, à l'abri d'une haie ou d'un tas de bois par exemple. Mais les vieilles souches ou le paillage peuvent aussi être propices à leur sédentarisation au jardin. Les arbustes et les arbres seront utiles pour attirer les oiseaux.

  • Des barrières peuvent être installées comme un petit talus ou paillis de sciure, de cendres de bois ou de paillettes de lin autour des planches à protéger. Vous pouvez aussi mettre le corps d'une bouteille autour de chaque plant afin de le protéger.
  • La mise en place de pièges peut s'avérer payant : sous des tuiles ou des planches, pour les protéger de la pluie, glissez des petits ramequins remplis de bière ; les limaces attirées s'y noieront, mais d'autres se réfugieront également sous ces planches et tuiles, il vous suffira alors de les récupérer pour les détruire.
  • Les gastéropodes sont friands de feuilles de salades et d'oeillets d'Inde : vous pouvez disposer des feuilles de laitue autour de vos jeunes plantations fragiles et planter ces fleurs alentours.
  • N'achetez surtout pas de granulés chimiques anti limaces ! Le traitement naturel anti limaces peut  consister à épandre des granulés de phosphate ferreux (orthophosphate de fer) que vous achèterez en jardinerie avec la mention « utilisable en agriculture biologique ». Vous les protègerez de la pluie et de l'humidité qui désactivent toutes leurs vertus en les mettant sous une tuile ou une planchette. Le produit se dégrade en substance inoffensive mais reste un palliatif plutôt qu’une action préventive.
  • La lutte biologique consiste, elle, à introduire le prédateur spécifique contre ces gastéropodes, qui est un nématode appelé Phasmarhabditis hermaphrodita. Il s'agit de petits vers non segmentés qui se nourrissent de limaces. Ils se diluent dans l'eau d'un arrosoir, et cette méthode est plus adaptée sur des petites surfaces, étant donné qu ces petites bêtes ont un certain coût et qu'il convient de renouveler l'opération pour qu’elle reste efficace.
  • Le ramassage, chaque matin, des escargots et limaces qui sont encore à la tâche ne doit pas être non plus négligé !
  • Si vous avez un grand jardin, vous pouvez aussi opter pour le canard coureur !

 

  • Suivre ses semis, repiquer, planter et semer en extérieur

Comment vont vos semis réalisés en février, mars ou avril ? Il faut surveiller leur croissance, leur couleur et la température. N’hésitez pas à retourner voir nos conseils de mars . Si la plantation reste l’un des gestes les plus agréables à réaliser au jardin, il n’en est pas moins l’un des plus importants dans la vie d’une plante, d’un arbre ou d’un arbuste et il faut le réussir ! Si vous avez un espace couvert ou que vous souhaitez les planter en terre, prenez quelques précautions et ne plantez que ce que nous allons vous conseiller :

  • Attendez que le plant soit suffisamment développé
  • Acclimatez vos plants pendant 3-4 jours, en les sortant le jour et en les rentrant le soir
  • Respectez les principes de rotation des cultures : ne plantez pas vos tomates où elles étaient l'année précédente, ni où il y avait d'autres plantes de la même famille botanique.
  • Arrosez vos plants le matin ou quelques heures avant de planter : ainsi, ils se libèreront plus facilement du godet, en un seul bloc.
  • Autour du pied, creusez légèrement en couronne à 10 cm du pied et versez votre arrosage : l'eau irriguera bien le pied.
  • Paillez
  • Veillez bien à ne pas laisser d’espace entre les parois du trou de plantation et la motte, en tassant bien la terre et en arrosant le pied
  • Si votre plant a les racines nues, il est impératif de réduire le feuillage du jeune plant et de raccourcir les racines trop longues car sa reprise en terre lui demandera plus d’énergie
  • Il est préférable de planter le soir ou le matin idéalement un jour couvert ou de pluie afin de limiter le stress hydrique.

 

Ce que nous pouvons faire d’autre en mai :

  • En semis direct : Haricots, pois, radis, carottes, carottes, cardons, courges (attendez la fin du mois), maïs doux, oseille
  • Semer dans votre nurserie : choux, salades, chicorées, navets, betteraves, concombres, courges, basilic, coriandre, aneth, persil, ciboulette
  • Planter en pleine terre : Aubergines, poivrons, piments, courges, courgettes, pommes de terre, celeris (raves et branches), tomates, salades, choux, maïs doux
  • Semer en terre : Betteraves, blettes, carotte, cerfeuil, chicorée, épinards, fève, haricots, navets
  • Au verger en mai, protégez vos petits fruits de l'appétit des oiseaux ! Utilisez un filet anti-oiseaux pour les en éloigner. Éclaircissez les fruits des pommiers et poiriers, ils seront moins nombreux certes mais plus gros et plus beaux ! Surveillez de près les attaques de "nuisibles", posez des pièges dans les arbres pour suivre leur population.

 

Pour aller plus loin :

Manger de saison en mai

Jardiner avec Bio Consom’acteurs (en avril)

Jardiner avec Bio Consom’acteurs (en mars)

 

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