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La méthode de la ferme du Bec Hellouin

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ferme bec hellouin

Je me suis rendue le mardi 14 mai dernier sur la ferme du Bec Hellouin, en Normandie, à deux pas du village du même nom. J’y ai rencontré un de ses fondateurs Charles Herver-Gruyer ainsi que Sacha Guegan, employé sur la ferme ; ils m’ont livré quelques clés sur les pratiques du lieu et leur reproductibilité.

La ferme du Bec Hellouin n’est pas qu’un petit bout de paradis. C’est aussi et surtout un lieu révolutionnaire, au regard des pratiques conventionnelles dominant l’agriculture depuis un siècle. Ses fondateurs Charles et Perrine Herver-Gruyer, étrangers au monde paysan, ont réussi après beaucoup de galères à créer un lieu très productif. Ils arrivent à produire environ 100 paniers de fruits et légumes par semaine, vendus en AMAP ou restaurants, avec seulement 4000 mètres carrés de surfaces cultivées ! Ce rendement étonnant n’intrigue pas que les amateurs, puisque l’INRA et AgroParisTech effectuent depuis 2011 un programme de recherche sur le site intitulé « Maraichage biologique en permaculture et performance économique ».

Comment en sont-ils arrivés là ? Installés depuis seulement 6 ans sur des terres peu fertiles, où le sol ne dépasse pas 20cm de profondeur, Charles et Perrine ont puisé leur inspiration dans plusieurs sources. A savoir, en lisant l’Américain Eliot Coleman, en étudiant la permaculture - née dans les années 70 en Australie- et en s’inspirant des maraichers parisiens du 19ème siècle. La permaculture, à la base cadre conceptuel utilisé généralement pour une autosuffisance alimentaire familiale, est métamorphosée ici en un véritable modèle agricole rentable : la méthode de la ferme du bec Hellouin.

De ces influences, découle un certain nombre de techniques avec l’inspiration des écosystèmes naturels pour fil directeur. Ici pas de sol nu, pas de surfaces planes, pas de monoculture, pas de tracteurs. Ici des buttes, des mares, des arbres, du paillage végétal, un cheval et des moutons. Rien n’est fait au hasard. En plus d’être un véritable plaisir pour les yeux, la disposition des lieux suit une logique imparable.


Des buttes ? Cela donne davantage de sol, ce qui est particulièrement intéressant sur ce site ; cela augmente la surface cultivée, donc optimise l’espace donné et permet de moins se baisser lors de la récolte ! De manière moins évidente, les buttes permettent de choisir le sol que l’on désire (fumier, copeaux de bois, tout est possible), de créer des microclimats selon leurs orientations et de réchauffer la terre plus vite à la sortie de l’hiver, grâce à une évacuation accélérée de l’eau.



Des associations de plantes ? Certaines attirent des insectes ravageurs. Aussi, les légumineuses fixent directement l’azote de l’air pour en faire bénéficier leurs voisines. Enfin, des différences de vitesses de croissance permettent d’obtenir deux récoltes différées dans le temps au lieu d’une. Des arbres ? Ils structurent le sol grâce à leurs racines, lui restituent de l’azote et de la matière organique grâce à leurs feuilles et fleurs.


Des mares ? Les rayons du soleil se réfléchissent sur l’eau et sont renvoyés sur les cultures, qui en profitent pour faire leur photosynthèse. La biodiversité est recréée (héron, martins-pêcheurs, grenouilles) ce qui permet une lutte intégrée des ravageurs, tels les limaces.


Un sol paillé ? Les apports en eau sont réduits car l’humidité est maintenue dans le sol, sans compter le fait que les adventices ne poussent pas. Un cheval ? Il autorise un labour léger, qui ne perturbe pas les micro-organismes du sol et fournit du fumier pour les cultures.

Cela vous fait rêver ? Cette ferme est également dotée d’un éco-centre qui dispense des formations! Que ce soit pour un potager familial ou pour une activité maraichère professionnelle, ces formations vous donneront de nombreuses clés  pour réfléchir et adopter les bonnes démarches.  Mais attention ! Elles ne donnent pas de modèles à reproduire partout : tout dépend du type de sol, du climat, de l’environnement autour de vous. Lorsqu’on s’installe, le plus important est d’y aller par palier. Ne jamais commencer une étape lorsque la précédente n’est pas maitrisée !

 

Eva Bonandrini

Agriculture
Environnement
Sociétal

Commentaires

Comment, de Paris, acheter vos produits? Sont ils livrés dans la capitale ou peut-on accéder à vos terres par train
ou voiture.

Bonjour
Initiative écologique et protectrice de l'environnement,soit, mais n'est elle pas crée pour une élite "parisienne" pouvant se payer une formation qui leur permettra d'animer des conversations entre amis ?. Les paniers sont vendus sur Paris et le Bec helloin? Pourquoi vendre sur Paris des produits que des locaux recherchent ?

Totalement d'accord avec soit. Même en écologie il ne sont pas aussi bon ue l'on pourrait le croire. L'autre jour, un gros tat de fumier était entre à 2 pas d'un cours d'eau.
Ils n'on rien de paysans, et ne vois que l'argent. Ils n'ont rien inventé, juste pompé à droite et à gauche et revendique La Méthode Bec Helloins.
Le pire c'est qu'ils sont pris pour modele en matiere de permaculture.

Il y a une erreur au début de l'article concernant la surface cultivée. Celle ci n'est pas de 4 ha mais de 4000 m² ! Produire 100 paniers par semaine sur 4 ha, c'est peu (25/ha). Préciser également qu'il s'agit de production de fruits et légumes (maraîchage).
Il me paraît important de préciser "paillage végétal", le terme "paillage" étant large et pouvant désigner des films plastiques.

Comment dire sans choquer? Les formations du bec hellouin sont hors de prix et quand on voit les reportages sur Charles et Perine, cela sent le "green waching à plein nez. Quel maraîcher se donnerait la peine de faire pousser des légumes pour les trimbaler sur un trainneau, bonjour les machures! De plus payer 1500 euros pour désherber, sortir le cheval et labourrer.
Le site est joliment agencé mais quand on y regarde de plus prêt, l'essentiel de leur production est une monoculture de tomates sous tunnel (en Normandie !?). Côté permaculture on à vu mieux. L'ex-avocate internationnal et son époux ont trouvé le filon avec l'inra et les pigeons qui payent pour faire le boulot. Même le medef n'à pas osé!

14 € la visite pour la ferme du Bec Helloin (guidée ou non), cela me semble TRES loin de l'esprit de la Permaculture. Je conseillerais d'avantage la Maison autonome à Moisdon la Rivière ( 5 € le visite). Je me suis sentie accueillie et considérée avec les autres participants, les explications étaient claires et complètes, très loin de l’état d'esprit business du Bec Helloin......

Bonjour!
Je vis depuis 5 ans en Russie près de Perm avec comme projet de monter une ferme bio en Agroforesterie avec un Ecohameau. Je fais déjà des fromages fermiers et je vais démarrer la partie chèvre au printemps prochain sur 35ha.
J'ai réunis une partie de la somme pour l'installation et trouver le terrain d'au moins 200ha qui permettra d'accueillir d'autres projets plus petit. Je recherche des personnes souhaitant s'associer en coopérative et venir s'occuper du maraîchage et d'autres choses, afin de proposer des paniers diversifiés et plus si elles ont des idées et des projets. Ici, il faut des paysans/boulanger, bouchers/charcutiers etc..... la demande est importante pour les produits de qualité.
Vous pouvez me contacter sur la page makarov en russie.
A bientôt!

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