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Jardins du Giessen : la nature pour retrouver un emploi

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les Jardins du Giessen, jardin bio d'insertion en Alsace

Début septembre 2013, les Jardins du Giessen, situés en Alsace, ont fêté leurs 3 ans. Rencontre avec Jean-Luc Lott et Jacky Fritsch, deux des responsables de ce projet d’insertion via le maraîchage, membre du réseau Cocagne.

La première chose qu’on remarque en arrivant sur le site de Châtenois des Jardins du Giessen, c’est un chaton. Mignon certes, mais attention :  la boule de poils est un membre – encore en formation - de la brigade anti-rongeurs, précise Jean-Luc Lott, responsable de l’exploitation et encadrant. Les équipes (féline et humaine) des Jardins veille au grain sur deux sites: le premier se trouve ici, à Châtenois, avec 1,2 hectare en plein champ et 18 ares sous serres-tunnels. L’autre se situe une vingtaine de km plus loin, à Erstein, sur 4 hectares cultivés en plein champ. Les Jardins ont été créés et sont portés par la section d’aménagement végétal d’Alsace (Sava). Cette association qui promeut les techniques végétales pour entretenir les berges de rivière, tout en fournissant du travail à des gens en rupture professionnelle. «Nous voulions créer un jardin d’insertion afin de nous ancrer dans le territoire», explique Jacky Fritsch, responsable administratif de la Sava sur le projet des Jardins du Giessen. Autre motivation : aider à l’insertion de davantage de femmes, qui étaient en large minorité dans les autres activités de la Sava. Aujourd'hui, ceux et celles qui cultivent aux Jardins du Giessen, ce sont 24 personnes en insertion employées à mi-temps, 20 heures par semaine pour environ 600 euros par mois.

Aux Jardins du Giessen, on bine bio, mais pas que. On se (re)construit un projet professionnel, dont on s’est égaré après des difficultés diverses : surendettement, divorce, sortie de prison, immigration, handicap…Avoir un contrat de 6 mois aux Jardins (renouvelable jusqu’à 2 ans), c’est saisir une chance de rebondir vers un emploi stable. «Nous leur offrons un cadre», résume Jean-Luc Lott. Avec lui, deux autres personnes - dont une accompagnatrice socio-professionnelle- sont employées par les Jardins pour encadrer ces gens dans leur recherche de travail. Au menu, discussions, étoffe de CV et recherche active des entreprises pouvant faire l’affaire. «Quand on fait des heures de binage ensemble, on a le temps d’échanger plein de choses ! On peut relever des angoisses, des peurs, qu’on peut communiquer à Charline [l’accompagnatrice socio-professionnelle] qui, de son côté, nous informe de certaines choses». Le simple fait d’appartenir à un groupe peut aider à se reconstituer socialement. «On est autant paysan qu’éducateur», affirme Jean-Luc Lott. Un rôle parfois difficile avec certains. «La personne doit être claire dans sa tête avec l’idée qu’elle doit travailler pour s’en sortir. Si elle joue le jeu, elle aura de meilleures armes pour être employable en sortant de chez nous».

Pour beaucoup, c'est difficile de quitter le jardin
En terme de retour à l’emploi, les résultats «ne sont pas folichons» reconnaît Jean-Luc Lott: Un tiers de sorties sont positives, c'est-à-dire que les personnes ont informé l’association qu’elles avaient trouvé un emploi. Aussi, beaucoup partent en formation maraîchage selon Jean-Luc, – dont une personne de 46 ans : rien d’étonnant, après avoir câliné fraises et potirons pendant un semestre minimum. Et les Jardins du Giessen ont aussi leur lot de jolies histoires : «On a vu passer des gens épatants : un forgeron qui va créer son atelier, un luthier qui va fabriquer des guitares, un autre qui est devenu vendeur de pain... D’ailleurs, celui-ci est venu nous donner les invendus un jour, c’était mignon», se souvient le maraîcher encadrant. Les liens qui se tissent ici peuvent être forts. Au point, parfois, de ne plus vouloir repartir. «Une des limites de ce lieu, c’est que pour beaucoup de personnes, c’est difficile de quitter le jardin… On doit alors leur expliquer qu’ici, c’est un tremplin, pas un emploi à long terme».

Les Jardins du Giessen vendent leurs légumes selon différents modèles. Le premier est la désormais classique amap : un particulier s’abonne à un panier hebdomadaire à 10 ou 16 euros, sur 6 mois ou 1 an. Et va le chercher sur un lieu de dépôt : particulier, magasin, entreprise (par ex. les Jardins de Gaïa). D’autre part, les Jardins du Giessen vendent leurs produits via 5 Ruche qui dit oui ! du Bas-Rhin. «C’est plus intéressant pour nous, car les consommateurs ont la liberté de commander les légumes qu’ils veulent - et non un panier tout entier -, en passant par un site internet. C'est simple». Pour rappel, si le système de la Ruche qui dit oui ! est un avantage pour le consommateur qui désire simplement manger des légumes bio, sans s'engager sur l'année auprès du paysan, il ne participe pas à la création de liens entre citoyens et agriculteurs. Par ailleurs, le gérant de la Ruche et celui de son site internet reçoivent chacun 10% des recettes. Question circuit court, le système amap est donc plus abouti. Problème pour les Jardins du Giessen : beaucoup d’abonnés à un panier se désabonnent. «Il y a tellement de turn-over chez les consommateurs qu’on n’arrive pas à trouver l’équilibre financier : il nous faudrait vendre 400 paniers, or on n’en est qu’à 250», explique le maraîcher. Les abonnés ont tout de même des avantages… en nature : opérations pommes, coulis de tomates, etc. Enfin, les Jardins du Giessen fournissent en légumes deux magasins – dont un tout près d'un lycée agricole – et assurent un marché hebdomadaire l’été à Ste Croix aux Mines. En projet : une chambre froide de 150 mètres carrés. Du bel ouvrage pour les humains et la nature.

Voir le site des Jardins du Giessen



 

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Forum – 20 février 2014

NOTRE SANTE EN DEPEND

Il nous faut sortir du mythe de la croissance sans limite. Seule une terre saine et respectée peut nous maintenir en bonne santé. Changeons nos pratiques de production et cessons d’empoissonner nos sols. Les paysans doivent revenir à des fondamentaux qui ont fait leur preuve et permis de nous nourrir. Notre écosystème est notre avenir, ne l’oublions pas…

Quittons cette obsession d’une production intensive qui pollue tout sur son passage. Nous avons formé des ingénieurs agronomes qui ne sont que des prescripteurs tout comme le sont les médecins. Les docteurs en médecine font vivre grassement les laboratoires pharmaceutiques. Les agriculteurs en utilisant des substances toxiques voire très dangereuses pour la santé de l’homme, la faune et les fleurs se sont dirigés vers un enrichissement des grandes firmes agroalimentaires et des producteurs et fournisseurs de semences. Nous ingurgitons toute cette nourriture avec tous les inconvénients et risques pour notre santé. Notre eau n’est plus de qualité, notre viande contaminée par ces produits dont le but est de produire toujours plus aux dépens de notre santé. Les nombreuses maladies qui apparaissent devraient nous alerter et entraîner une mobilisation générale. Environ 300 000 cancers par an en France sont dus à la malbouffe

A une époque pas si lointaine, un agriculteur pouvait semer ses propres graines prélevées lors de ses précédentes récoltes. Cette pratique ancestrale pourrait bientôt être amenée à disparaître. De nouvelles lois sur les semences viennent renforcer un système qui ne se cesse de se diriger vers un encadrement strict du vivant. La mainmise de grandes entreprises semencières sur toutes cultures arrive petit à petit à obliger les agriculteurs à acheter leur graines sous peines de pénalités ; Les semences de « FERME » sont d’année en année plus réglementées. Les cultivateurs doivent payer des redevances dès lors qu’ils réutilisent leurs semences après la récolte.

Une taxe CVO ( contribution volontaire obligatoire) leur est infligée au cas où ils s’affranchissent d’acheter leurs graines aux semenciers ( blé, colza, orge , épeautre, pommes de terre, seigle….. Le paysan se voit ainsi taxé perdant toute liberté de produire ce qu’il veut notamment en respectant la biodiversité, ce qui est un comble en la matière. Il doit se résoudre à acheter des semences hybrides du catalogue officiel du Groupement national interprofessionnel des semences (GNIS). Une loi sur les contrefaçons doit passer devant l’Assemblée Nationale en 2014 qui aura pour conséquence que les douaniers pourront saisir les cultures sur simple soupçon de fraude.

Pour les firmes qui vendent des graines hybrides la quantité produite et le poids sont recherchés alors qu’en termes de qualité le goût est différent et la quantité de nutriments moins intéressante. C’est en consommant intelligemment que nous aiderons les agriculteurs à conserver leur liberté de choix et leur autonomie.

Les semenciers modifient parfois des variétés de semences tombées dans le domaine public en créant un hybride F1. Une tomate FI coûte 84,25 € les 250 graines nues tandis que la variété libre de droit est 5,45 € les 250 graines

Le lundi 17 mars 2014, le sénat a rejeté une proposition de loi du sénateur Alain FAUCONNIER interdisant la culture du maïs OGM. Le MON810 est un OGM autorisé dans la communauté européenne. Si les États membres ne parviennent pas à un accord, la Commission européenne devra autoriser le maïs TCI507 – POINEER- DUPONT sous peine d’une condamnation par la Cour européenne de justice.

Emmanuel GIBOULOT, viticulteur à Beaune (21) a été condamné à 1000 euros d’amende, le 24 février 2014, par le tribunal de Dijon pour avoir refusé de traiter, à titre préventif, sa propre production avec un pesticide de pyréthrine (le pyrevert).

A chacun d’être vigilant et de bien choisir ce qu’il a envie de mettre dans son assiette.

Patrick RICHARDET – auteur - COLMAR
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