PAC : la Bio perdante et nous aussi !

Les arbitrages de la prochaine PAC (Politique Agricole Commune) sont tombés et nous sommes tous perdant.e.s (sauf les lobbys).

 

Des renoncements inacceptables dans les arbitrages de la prochaine PAC

« Julien Denormandie est en fait l’artisan de renoncements irresponsables pour l’emploi agricole, l’environnement et la prise en compte des attentes sociétales. La déception de Pour une autre PAC face aux décisions du ministre a été telle que nos représentants ont quitté la réunion avant son terme » peut-on lire dans le communiqué de la plateforme Pour une autre PAC.

La FNAB (fédération nationale d’agriculture biologique) a également quitté le Conseil Supérieur d’Orientation, présidé par le Ministre de l’agriculture, qui annonçait officiellement les premiers arbitrages de la prochaine PAC. D’autres organisations défendant une vraie prise en compte de l’environnement dans le fléchage des fonds publics agricoles sont aussi parties, notamment celles issues de la plateforme Pour une autre PAC.

La raison ? Le ministre confirme qu’il va aligner les aides à la Bio sur les aides à la filière HVE, et l’arbitrage de 70 euros par hectare annoncé par le cabinet n’est pas remis en question ; ça veut dire 66% d’aides en moins pour les Bio, une perte moyenne de 132 euros par hectare et par an !

Alors que les français.e.s plébiscitent chaque année un peu plus les produits bio, l’aide en faveur de l’agriculture biologique va drastiquement baisser. Les objectifs annoncés en début de quinquennat (15 % de SAU) ne seront pas atteints.

Bien que l’aide à l’installation et d’autres mécanismes comme le crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique soient maintenus, le changement des pratiques du monde agricole n’est clairement plus encouragé. Les gaz à effet de serre liés à un produit sont liés à 40 % à son mode de production. Seule l’agriculture biologique aujourd’hui apporte des garanties permettant de réduire ce coût élevé que nous payons tous. La préservation de la biodiversité a également pour seule alliée la non utilisation de produits chimiques. Consommer local et même de saison sans consommer bio a plus d’impact sur l’environnement que consommer des produits bio, même importés.

Des agriculteurs et agricultrices bio “à poil” : appel à mobilisation le 2 Juin 2021

Pour contester ces orientations, la FNAB a lancé une mobilisation, avec un appel à se rassembler à 12h à Invalides le 2 juin 2021. Le slogan « le gouvernant met les agriculteurs bio à poil » s’affiche dans une campagne sur les réseaux sociaux où les paysan.nes n’ont pas eu peur de se mettre #APoilPourlabio.

Nous étions présents à cette mobilisation, en soutien aux agriculteurs.trices bio (voir photos).

HVE : grande gagnante des négociations

La certification HVE (Haute Valeur Environnementale) est issue du Grenelle de l’environnement de 2007, et est donc portée par le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation. « Depuis son lancement en 2011, le nombre d’exploitations bénéficiant de la mention « Haute Valeur Environnementale » (sigle HVE) augmente de manière exponentielle. » peut-on lire sur le site officiel. En effet, les derniers chiffres publiés par le Ministère font état de 8218 exploitations certifiées HVE au 1er juillet 2020.

Dans notre guide « La boussole des labels » sorti le 18 mai 2021, nous avons pu comparer la certification HVE aux labels bio, en nous appuyant notamment sur une étude de l’IDDRI, qui fait état de 97 % des agriculteurs français (en conventionnel) qui pourrait prétendre à la certification HVE sans changer de pratiques*. Un article paru dans Le Monde le 25 mai 2021, révélait que dans une note confidentielle remise fin 2020 aux ministères de l’agriculture et de la transition écologique, l’Office français de la biodiversité assure que le label agricole HVE ne présente, dans la grande majorité des cas, aucun bénéfice environnemental. Ce bref rapport de l’agence publique à ses deux ministères de tutelle, conforte, chiffres officiels à l’appui, les critiques formulées de longue date par les associations de défense de l’environnement qui considèrent le label HVE comme « un cheval de Troie du greenwashing », soutenu par les milieux de l’agriculture intensive.

Pourtant HVE bénéficiera d’une aide équivalente à l’agriculture biologique. C’est la grande gagnante des derniers arbitrages. Comme l’agriculture « raisonnée » en son temps qui n’apportait aucune garantie environnementale supplémentaire à la réglementation, ni n’induisait de changement de pratiques, HVE est le nouvel Eldorado de l’agriculture chimique subventionnée.

Ne vous y trompez pas, acheter HVE demain, c’est acheter le même produit qu’hier, mais plus subventionné.

*https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/propositions/la-certification-haute-valeur-environnementale-dans-la-pac

L’agriculture conventionnelle peut continuer ses ravages sans frein

La ré-introduction d'insecticides pour les betteraves, le report de l’interdiction du glyphosate, la baisse des aides à la bio... les pratiques de l’industrie pétrochimique ont de beaux jours devant eux. Malgré la mobilisation des associations et des citoyen.ne.s, le gouvernent aura prouvé sa loyauté envers les industriels de la chimie. Les agriculteurs n’ont, non seulement pas réduit leur utilisation d’intrants chimiques de synthèse, mais n’ont même pas été incités à le faire.

La biodiversité et le climat attendront encore…

La disparition des abeilles et plus globalement l’effondrement de la biodiversité sont directement liés aux pratiques agricoles et industrielles. Le gouvernement semble avoir choisi son camp.

L’agriculture est responsable de 20 % des émissions de GES en France et nous sommes déjà loin des engagements de l’accord de Paris pris en 2015, et encore plus loin des engagements du Grenelle… de 2007. Malgré l’évidence et l’urgence, le choix va vers un demain pire qu’hier.

Les consommateurs et consommatrices menacés de perdre leur liberté

Avoir le choix de son producteur bio ? Choisir bio et local ? C’est un luxe que nous ne pourrons pas tous avoir avec l’augmentation de la demande et la stagnation probable de l’offre avec ces nouveaux arbitrages. La France importe déjà un tiers de produits bio pour répondre à la demande. Faire le choix de mettre fin au développement de la bio, c’est aussi contraindre les consommateurs à ne plus avoir le choix, et ne pas encourager l’accessibilité par le développement de l’offre.

« Le ministre a cependant préféré donner satisfaction aux organisations professionnelles agricoles plus attirées par le confort de l’existant que par l’espoir du changement. » peut-on encore lire sur le site de la plateforme Pour une autre PAC.

Un quinquennat désastreux pour la bio

Extraits du communiqué de presse de la FNAB

« L’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir a sonné la fin du développement de l’agriculture biologique par l’action de l’Etat, laissant les consommateurs seuls tirer la dynamique et assumer le coût final :

  • Trois années de retard de paiement des aides bio jusqu’en 2020
  • Refus  d’indemniser les fermes bio pour ces retards qui ont entraîné  des faillites malgré la reconnaissance de la faute de l’Etat par le ministre de l’agriculture de l’époque
  • Suppression  du financement de l’aide au maintien dès 2017
  • Refus  de réunir les groupes de travail sur les paiements pour services environnementaux dans le cadre du travail pour la prochaine PAC

Objectif de 15% de surfaces bio en 2022 abandonné »
On pourrait également parler de la non interdiction des pesticides et de la limitation à 5 mètres pour l’épandage à proximité des habitations et des écoles…

Une mobilisation indispensable !

La prochaine PAC semble actée mais ni les consommateurs ni les agriculteurs bio ne peuvent s’y résoudre. « Un changement de cap est donc indispensable pour assurer un renouvellement générationnel parmi les agriculteurs, gagner en résilience face au changement climatique, préserver la biodiversité et les ressources naturelles, amoindrir notre dépendance en fruits et légumes importés, etc. Or, face à ces défis majeurs, le ministre ne propose ni renforcement du paiement redistributif, pourtant outil majeur de la redistribution des aides en fonction de l’emploi sur les fermes et en faveur des petites et moyennes fermes, ni instauration d’un éco-régime ambitieux, préférant donner accès à tous les agriculteurs à cette subvention en théorie à vocation environnementale » 

Pourtant une autre PAC est possible et les propositions de la plateforme applicables.

Retrouvez-les ici : https://pouruneautrepac.eu/plan-strategique-national-de-la-pac-un-statu-quo-irresponsable/?fbclid=IwAR3DaSG_IilxAoBdtJFeAHS_KAAIH5yB1yHVUSPtutwkt0P1LlOwQd9qBUs

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