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Six recommandations pour développer la bio

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Crédit photo: U.S. Department of Agriculture

Dans un avis rendu public le 26 mars 2015, le Conseil national de l’alimentation émet six recommandations pour favoriser la production et la consommation de produits bio, afin d’atteindre les objectifs du Grenelle et du plan Ambition bio 2017.

Arriver à 8% de la surface agricole utile en bio en 2017 et à 20% d’aliments bio en restauration collective : ce sont les promesses du gouvernement, qui exigent des actions fortes de la part des pouvoirs publics et des acteurs de la bio. Le dernier avis remis par le Conseil national de l’alimentation, instance consultative sur la politique alimentaire française, émet 6 recommandations destinées aux acteurs publics et privés de la bio.
1. Le CNA conseille d'abord que soit signé un pacte d’engagement des acteurs économiques en faveur de l’agriculture biologique. L’idée: les distributeurs, petits comme grands, « moteur essentiel de développement de la consommation et, de fait, de structuration des filières bio » selon le CNA, s’engageraient via ce pacte à favoriser la bio dans leur modèle économique. Précisons qu'aujourd'hui, l’offre en bio ne suit pas la demande : alors qu’un Français sur deux mangerait au moins un produit bio au moins une fois par mois, plus d’un tiers des aliments bio seraient importés.

2. Petite ferme bio artisanale et militante ou grosse exploitation bio productiviste ? Pour le CNA, les deux modèles – et tous ceux qui se trouvent à mi-chemin – sont valables pour favoriser la croissance du secteur. A condition de poursuivre le développement d’une bio « exigeante, en phase avec les attentes citoyennes et sociétales » et de favoriser la conversion des exploitations. Le CNA suggère aussi de faire évoluer le cahier des charges, par exemple en introduisant de nouveaux critères liés au développement durable -, sans davantage de précision. S’il préconise, d’un côté, de ne pas « enfermer le bio dans une consommation réservée à des consommateurs militants », le CNA invite ses lecteurs de surveiller la négociation de l’accord transatlantique (TTIP ou TAFTA), « pour préserver la capacité à développer l’agroécologie et la bio au sein de l’UE ».

3. Côté conso, le CNA insiste sur la nécessité d’améliorer la communication sur la bio, afin de ne pas « faire le lit de futures crises de confiance ». Clarifier le concept d’agriculture biologique ne peut que servir celle-ci, surtout lorsqu’on sait que de nombreux consommateurs ont une perception de la bio « parfois éloignée de la réalité ». Un exemple : la plupart des consommateurs bio en France le font pour leur santé. S’il est vrai qu’en mangeant bio on s’expose moins aux pesticides, cette démarche santé n’a pas de sens si par ailleurs on fume, boit de l’alcool et reste à 100% du temps derrière son ordi. Dans le même goût, le CNA recommande de dire ce que la bio n’est pas : on peut par exemple être certifié bio au voisinage d’un incinérateur ou d’une centrale nucléaire. Les consommateurs doivent aussi être informés sur la notion de juste  prix de la bio, d’après le groupe de travail.

4. Toujours pour renforcer le crédit de la bio vis-à-vis des consommateurs, le CNA propose de renforcer la fiabilité du système de certification, en poursuivant l’harmonisation internationale des pratiques des organismes certificateurs et en renforçant les contrôles.

5. Les services environnementaux, sociétaux et de santé rendus par la bio à la société doivent faire l’objet de davantage de recherches afin d’être évalués et, à terme, être rémunérés par le biais, par exemple, d’une fiscalité incitative.

6. Enfin, le CNA recommande d’investir dans la recherche, qui pourrait bénéficier à la fois à l’agriculture conventionnelle et à l’agroécologie. Recherche qui doit porter non seulement sur des techniques d’agriculture innovantes, afin de  « dépasser une seule logique d’optimisation des intrants », mais aussi sur les procédés de transformation conservant les caractéristiques et la naturalité des produits, sur les liens possibles entre bio et santé ou encore bio et emploi, etc.

Accompagnées d’un état des lieux complet sur la bio en France, ces six recommandations ont fait l’objet de deux années de travail auxquelles Bio Consom’acteurs a participé, représenté par Christine Piveteau, administratrice et présidente de Bio Consom'acteurs Pays d'Angers.


 

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